dimanche 16 octobre 2016

Sous le drapeau noir (Joby Warrick)

1999. Le gouvernement jordanien accorde l’amnistie à un groupe de prisonniers politiques. Parmi eux, se trouve Abu Musab al-Zarqaoui, un des maîtres à penser du terrorisme islamiste. En 2003, l’invasion de l’Irak par les États-Unis va lui donner l’occasion de mettre sur pied le vaste mouvement qu’il a conçu. D’abord connu sous le nom d’Al-Qaïda en Irak, celui-ci devient l’État islamique ou Daesh et continue de croître après la disparition d’al-Zarqaoui en 2006.

2016. Sous l’impulsion d’Abou Bakr Al-Baghdadi, l’État islamique sème la terreur dans le monde entier.

Joby Warrick est certainement le reporter le mieux informé sur le califat. À partir de sources inédites au Moyen-Orient, il nous offre le livre le plus complet à ce jour sur le sujet. Officiels de la CIA, figures religieuses et politiques, terroristes, il nous fait littéralement entrer dans le cerveau de chacun des protagonistes. Avec un travail digne d’un agent secret, l’esprit d’un journaliste et le style d’un romancier, il apporte ici un document aussi exclusif que pertinent sur la menace qui nous guette.

Pour la masse critique de septembre, je me suis vue retenue pour lire « Sous le drapeau noir » de Jobby Warrick, reporter du Washington Post, âgé de 56 ans, spécialiste du Moyen-Orient, et des questions de sécurité nationale. 

Un grand merci à Babelio et aux éditions Cherche midi, de m'avoir permis de découvrir cette enquête journalistique aussi impressionnante. C'est une mine d'informations. On est tous bien sûr plus ou moins au courant des événements de ces dernières années sur l’ascension de Al-Quaïda en Irak puis de l'évolution vers Daesh. 

Ce livre qui vient d'obtenir le prix Pulitzer en 2016 nous plonge dans les méandres de l'esprit de Abu Musab al-Zarqawi, sur son parcours du début en tant que petit délinquant vers le sommet de Al-Quaïda en Irak. En 2003, l’invasion de l’Irak par les États-Unis va lui donner l’occasion de lancer son mouvement, d’abord connu sous le nom d’Al- Qaïda en Irak. Il devient ensuite l’État Islamique (ou Daesh) et continue de croître après la disparition d’Al-Zarqawi en 2006. 

Le livre s'articule en trois parties :

- L'ascension de Al-Zarquawi, Jordanien d'origine, il se forge une réputation d'homme violent mais très charismatique qui sait manipuler et amener à lui des hommes en recherche de figures fortes à suivre. On le voit tout d'abord émerger de l'anonymat en devenant le bras droit de Abou Mohammed Al-Maqdisi (imam radical) dont il s'écartera pour évoluer lui-même vers ses propres stratégies d'attentats de plus en plus violente.

« En 1993,Abou Moussad Al-Zarqaoui, et plusieurs centaines d'autres vétérans jordaniens étaient donc de retour dans un pays qu'ils reconnurent à peine. En séjournant quatre ans en Afghanistan pendant qu'Amman et les autres grandes villes de Jordanie s'étaient développées et modernisées, Zarqaoui et ses camarades avaient remonté le temps. Dans pratiquement tous les domaines, le pays contrôlé par les talibans était en retard de plusieurs siècles sur le reste du monde.

L'auteur nous décrit les personnages intervenants autour ou contre Al-Zarquaoui : Officiels de la CIA, figures religieuses et politiques, terroristes, il nous fait entrer dans l’esprit de chacun de ses protagonistes : leurs parcours, leurs missions, leurs caractères, leurs sentiments et pensées sont évoqués comme dans un roman, avec beaucoup de fluidité et suite surtout aux interview qu'il a pu menées. 

- Ensuite, vient la période d'invasion et de désorganisation de l'Irak et donc de l'émergence du groupe Al-Quaïda en Irak dirigé par Al-Zarqawi. L'auteur nous montre comment par de multiples coïncidences, mauvaises appréciations et décisions, les occidentaux ont pu déclencher un terreau propice à l'évolution rapide de ce nouveau groupe.

« C'est dans cet Irak en pleine réorganisation que Al-Zarqaoui allait trouver à la fois une liberté de manœuvre et des alliés puissants aussi désireux que capable de soutenir sa cause. Des capitaines et des sergents qui avaient autrefois servis Saddam Hussein s'engageaient à présent dans l'armée du Jordanien, certains accédant à des postes de commandement »

- La troisième partie traite de la naissance et du développement de l'état islamique lors de la crise syrienne sous l’impulsion d’Abou Omar al-Baghdadi qui regroupe différentes factions djihadistes, ainsi que des combattants musulmans venus du monde entier.

« Si les États-Unis n'avait pas envahi l'Irak, le boucher en chef de l’État islamique aurait probablement mené une simple vie de professeur d'université. Jusqu'en 2003, le cours de son existence semblait le destiner à une carrière tranquille consacrer à enseigner la jurisprudence islamique à des étudiants de 20 ans et non à leur scotcher des bombes sur le ventre »

En plus de nous décrire avec minutie tous les intervenants de son livre, Joby Warrick a une belle plume, on pourrait lire ce livre comme une fiction, malheureusement ce n'est pas le cas, et je dois dire que par moment j'avais le cœur au bord des lèvres. Tant de fanatisme, de déterminisme dans l'embrigadement de recrues en kamikazes, de manipulations des uns et des autres. Toutes ces vies sacrifiées aussi bien occidentales que musulmanes au nom d'un idéal datant de plusieurs siècles, a de quoi faire frémir.... 

A travers ces écrits on voit vraiment l'évolution de plus de dix ans de déstabilisation d'un territoire en un vaste champ de bataille ou rien n'est vraiment établi.

Très bon reportage que je conseille à ceux qui veulent en savoir un peu plus que ce que nous en racontent les médias.


Note : 5/5


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